Lorsque j'ai créé ce blog en 2006, j'ai cherché un nom qui pourrait qualifier au mieux ce qu'il allait contenir. Alors de deux mots que j'appréciais, j'en fis un troisième. Ce qui est sobre est empli de modération, de réserve. Quand au sombre, c'est tout ce qui est teinté d'ombres, tout ce qui n'est pas ouvertement clair, brillant. Et c'est ainsi que naquit "Sombriété".
Prise au jeu, j'en inventai derechef une définition.
(nom féminin)
Qualité de ce qui a tendance à rester dans l'ombre, sans se faire remarquer.
Quelques années plus tard, après avoir vécu longtemps aux côtés de ce mot, je peux en redéfinir les contours. Qu'est-ce que la sombriété à présent?
Certainement, la sombriété inclut un certain côté contemplatif. Il y a ce moment où la terre entre dans le crépuscule, ce moment où l'on se tait pour admirer un coucher de soleil, un paysage époustouflant, ou un spectacle inhabituel. La sombriété pousse à faire silence face à ce qui s'impose à nos yeux.
Mais il y a bien plus. Elle est la découverte d'un trésor d'innocence. Elle est un pas dans le monde des rêves, tout en sachant que les cauchemars ne sont pas loin.
Et toujours, il y a cette mélancolie de l'instant qui s'enfuit, qu'il soit gai, triste ou rêveur. Et la certitude qu'il ne reviendra jamais, que la sensation à peine ressentie est déjà passée et remplacée par quelque chose d'autre. De cet instant magique, il ne reste plus qu'un souvenir dont les contours se troublent. Il est entré dans la sombriété.
En 2015, je peux maintenant confirmer que la sombriété est la qualité de ce qui a tendance à rester dans l'ombre. Mais que l'on a parfois la chance d'apercevoir un bref instant.
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